Les Destinées
Entend-on toujours ces rumeurs oubliées qui passent au loin derrière ce coteau ?
Ah ! là-bas est l'horizon, là-bas est l'homme seul trébuchant ses vignes, et éloignant son cœur.
Seul ? Pour quelle raison ? Quelle organique vie le sépara, quelle tristesse ancienne affligeant ses sens le retourna comme la vieille main reforme son champ ?
Nous sommes donc perdants ? Dans tous nos rêves et nos folies ? Les plus lointaines vies ne se résument-elles qu'à ce malheur de ne pouvoir jamais les joindre ?
À le voir affamé et coi, on songe à nos espoirs d'un pays fier et beau. Mais des voix reviennent, qui nous prédisent le linceul. Mais l'homme seul survit, l'homme seul marche et erre et se rencontre, enfin, aux plus fines lisières de son entendement.